PORTRAIT – SAKIFO TALENTS ET FANJAN

  • Nom de la société : Sakifo Talents et Fanjan
  • Votre nom : Jean-Raphaël Maraninchi
  • Fonction dans la société : Directeur des services artistiques, responsable éditorial.
  • Présentation et rapide historique de la société :
  • Sakifo est au départ un festival qui fêtera sa majorité (18 ans) cette année. C’est aujourd’hui le plus gros festival de l’Océan Indien juste devant les Francofolies de la Réunion que nous produisons également. En 2009 Jérôme Galabert l’actionnaire et président de la holding Comptoir G qui réunit toutes les activités du groupe, décide d’étendre son business à la production discographique, la production de tournée et bien sûr les éditions. Arrivé en 2018 à la Réunion j’ai eu pour mission de développer ce portefeuille d’activités, de créer de la synergie entre elles. Notre zone d’influence est la zone Océan Indien, l’Afrique Australe et de l’Est, l’Inde mais nous travaillons également avec l’Europe et l’Australie.
  • Activité de la société, type de répertoire édité

Aujourd’hui nous développons toutes les activités qui ont un rapport avec la musique. L’édition représente une petite part du CA en constante progression, mais c’est l’élément central de notre stratégie de développement. Tous les artistes qui bénéficient de notre expertise sur les autres cœurs de métier sont en édition ou en co-édition chez Sakifo Production. Ces activités connexes sont la production discographique, la production de spectacle. Nous venons d’ajouter à nos métiers la fabrication de disques vinyles, par le rachat de la seule presse de l’Océan Indien, et nous recevons des commandes du monde entier car ce marché s’est considérablement tendu. Nous avons commencé à signer des auteurs et compositeurs qui sont majoritairement interprètes de leurs œuvres dans des esthétiques très diverses : Musique locale, musique urbaine, chanson française et musique électronique. Nos auteurs et nos catalogues sont réunionnais, métropolitains, et africains. Notre réseau de sous éditions passe par le réseau de Budde Music.

  • Parcours professionnel du répondant

Faculté de droit, Formation LFI (Issoudun) puis Warner Chappell, Lusafrica, Budde Music France un bref passage chez Music Sales.

  • Année d’adhésion à la CSDEM

2019 pour Sakifo, j’y suis présent depuis 2010.

  • Pourquoi adhérer ? Que représente le fait d’être adhérent de la CSDEM ?

Pour nous qui sommes loin de l’Europe de la France et de Paris il est très important d’avoir un point d’encrage dans le milieu professionnel de l’édition. Cela nous permet de maintenir le contact avec le réseau et de bénéficier d’une veille du secteur. L’impression que j’avais, et qui s’est confirmé par la suite, est qu’une large part du business se fait à la capitale. C’est particulièrement vrai pour la synchronisation.  Même si notre stratégie actuelle est le développement d’un réseau dans l’hémisphère sud, nous n’en demeurons pas moins une société française, affiliée à la SACEM. Être à la CSDEM, garder le contact avec mes pairs, nous semble essentiel.

  • Votre vision de votre métier d’éditeur aujourd’hui ?

Elle a changé depuis que je suis à la Réunion. Je citerais mon défunt patron Rolf Budde qui disait toujours « Small business big troubles, big business small troubles ». Je le constate chaque jour. Quand je dirigeais la branche française d’une grosse édition, l’essentiel de mon travail était de maintenir des liens privilégiés avec mes actionnaires et mes clients, faire travailler mon équipe en harmonie, rassurer les auteurs. Je devais contenter les actionnaires par les résultats, les représenter en France dans les instances, faire du management avec pour principal stress le renouvellement des contrats de sous édition et de gestion sur un marché très concurrentiel. Les membres de l’équipe étaient plutôt mono-tâche, concentré sur son département. Aujourd’hui je crois pouvoir dire que je suis beaucoup plus présent sur toutes les tâches quotidiennes qui incombent à un éditeur. Nous sommes une petite équipe polyvalente qui fait presque tout ensemble. Je dois faire beaucoup plus d’effort pour attirer les partenaires et les clients car je ne m’appuie pas sur une société et un grand nom avec des ramifications mondiales anciennes. Le travail est plus difficile, on fait plus avec moins et chaque victoire devient un événement et non plus quelque chose de banal. Nous échangeons, plus régulièrement avec les éditeurs représentés pour maximiser nos chances de réussites, bien plus souvent qu’une fois par an pour renouveler un contrat. Chacun de nos copyrights compte. Ce qui ne change pas c’est l’exigence et les attentes des auteurs qui sont les mêmes.

  • et demain ?

Nous mettons en place une stratégie pour nous étendre sur l’Inde et l’Afrique. Le rachat de l’usine de production de vinyle est un atout non négligeable dans cette conquête car elle donne de la visibilité à toutes nos activités. Nous avons ouvert un bureau à Johannesburg et si le COVID n’était pas passé par là nous serions déjà beaucoup mieux implantés. Une fois notre adhésion à la SAMRO effective, nous allons proposer une représentation aux éditeurs français sur la zone Afrique australe et de l’est, faire adhérer des Auteurs à la SACEM et les signer. Enfin nous avons reçu des partenaires potentiels en provenance d’Inde dans le cadre du IOMMA (Indian Ocean Music Market) et je dois m’y rendre pour comprendre comment nous pourrions y développer nos activités, notamment de publishing.

  • une conclusion ?

Je recommande à tous les adhérents de nous rendre visite dans le cadre du IOMMA qui se tient chaque année sur l’ile fin mai / début juin. Il y a beaucoup de professionnels et des marchés émergeants à découvrir. La musique et la cuisine réunionnaise achèveront de convaincre les plus sceptiques. Certains ont déjà franchi le pas, ils pourront vous en parler.