NEWS DE L’ÉDITION – OCTOBRE 2025

PLF 2026 : la dotation du MC au CNM en baisse de 7 M€ (20 M€) ; hausse du plafond des deux taxes

 
Paris – Actualité n°415532 – Publié le
 

La dotation publique versée au Centre national de la musique « connaîtra une baisse de 7 M€ », dans le cadre du PLF 2026, apprend News Tank le 16/10/2025. Cette subvention, qui atteindra ainsi 20 M€, avait déjà été réduite de 1 M€ dans le cadre du PLF 2025. Parallèlement, le PLF 2026 prévoit un rehaussement des deux taxes gérées par le CNM, « pour accompagner le dynamisme du marché ». Ainsi, la taxe sur la billetterie des spectacles de musique et de variétés verra son plafond passer de 53 M€ à 58 M€ (+ 5 M€), et celui de la « taxe streaming » de 18 M€ à 21 M€ (+ 3 M€). Dans les deux cas, le plafond reste inférieur au rendement attendu pour 2026 (59,9 M€ pour la taxe sur la billetterie, et 21,3 M€ pour la « taxe streaming »).

« C’est un jeu à somme quasi nulle que vous nous proposez et que nous refusons catégoriquement pour le bon fonctionnement de l’établissement. Cinq années après la création du CNM, nous sommes arrivés à un moment charnière pour la poursuite de ses missions. En effet, au vu du contexte complexe que traversent l’ensemble des entreprises de la filière musicale et les artistes, ainsi que du contexte budgétaire contraint, seule la logique de péréquation couplée à l’action du ministère peut permettre aux acteurs de la filière de poursuivre leur activité », déclarent les organisations professionnelles de la filière musicale dans un courrier adressé à Rachida Dati le 15/10/2025, consulté par News Tank.

« Le CNM doit naturellement contribuer, comme il l’a déjà fait, à l’effort collectif de redressement de nos finances publiques. Mais je mets en garde contre le risque d’une diminution trop brutale de notre subvention, qui annulerait l’effet positif de la hausse des plafonds. Le dynamisme des taxes doit profiter à l’ensemble de la filière et pas uniquement au budget général de l’État », indique Jean-Baptiste Gourdin, président du CNM, lors de son discours devant les professionnels à l’occasion du MaMA, le 16/10/2025.

« À ce stade, le PLF fixe en effet la subvention de fonctionnement à 20 M€, en baisse par rapport à l’an dernier. Vous le savez, j’aime bien le combat et, après un certain flottement, on va le reprendre. Le ministère de la Culture doit contribuer à la réduction du déficit de l’État. Mais je suis convaincue que, dans certains secteurs de la culture, le désengagement nous coûtera plus cher que de maintenir un engagement », affirme Rachida Dati, également lors d’un discours au MaMA.

 


 

Dans leur courrier, les organisations professionnelles interpellent également la ministre de la Culture sur une dépense de 4,6 M€ prise en charge par le CNM pour l’organisation de la France Music Week (16-21/06/2025) et qui, malgré l’engagement de la ministre, n’a toujours pas été remboursée par l’État.

« Faute de remboursement intégral par l’État, le coût de la FMW serait pris en charge par le fonds de roulement de l’établissement, qui n’offre aujourd’hui plus de marges. Pour mémoire, la subvention pour charge de service public du CNM a déjà subi en 2025 une réduction de 1 M€, alors même qu’au périmètre inchangé de ses missions s’ajoutait celle de l’organisation de cette manifestation », indiquent-elles.

 

« Un CNM fort, c’est un CNM disposant d’un modèle de financement conforté, lisible et prévisible » (J.-B. Gourdin)

  • « Notre secteur vit une période particulière, marquée par un paradoxe. Si l’on s’en tient aux indicateurs macroéconomiques, on serait tenté de croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
  • Depuis une dizaine d’années, la musique enregistrée et le spectacle vivant croissent “de concert”, à un rythme remarquable. La fréquentation a battu l’année dernière un nouveau record, avec près de 38 millions d’entrées et plus de 1,6 Md€ de recettes. Les revenus de la musique enregistrée continuent d’augmenter, et pourraient à ce rythme retrouver d’ici quatre ou cinq ans leur niveau de 2002.
  • Mais si l’on y regarde de plus près, les signaux d’alerte se multiplient. Les coûts de production des spectacles continuent d’augmenter : la hausse de la fréquentation et des prix des billets ont jusqu’ici permis de compenser tant bien que mal cette inflation, mais ce modèle de croissance est de moins en moins soutenable.
  • La conversion au modèle du streaming payant reste plus lente en France que dans les pays comparables.
  • Le développement exponentiel de l’IA générative suscite une double inquiétude : celle d’une spoliation des créateurs en amont, celle d’une dilution de la valeur de la musique en aval.
  • Le désengagement de certaines collectivités locales met en péril de nombreux acteurs de la création comme de la diffusion.
  • […] Face à ces défis, nous avons avant tout besoin de solidarité, d’union et de mobilisation collective. […] Et en miroir de cette union, nous avons aussi besoin d’un CNM fort, qui puisse constituer un pôle de stabilité dans un environnement incertain, incarner cette solidarité de la filière, et accompagner ses mutations sur le long terme.
  • […] Un CNM fort, c’est d’abord un CNM disposant d’un modèle de financement conforté, lisible et prévisible.
  • Je me réjouis de constater que notre combat pour le déplafonnement des taxes affectées, pleinement soutenu par la ministre et par l’ensemble des professionnels, a donné de premiers résultats, puisque le PLF présenté le 14/10/2025 prévoit un relèvement des deux plafonds, à hauteur de 8 M€.
  • […] J’ajoute que le CNM doit naturellement contribuer, comme il l’a déjà fait, à l’effort collectif de redressement de nos finances publiques. Mais je mets en garde contre le risque d’une diminution trop brutale de notre subvention, qui annulerait l’effet positif de la hausse des plafonds. Le dynamisme des taxes doit profiter à l’ensemble de la filière et pas uniquement au budget général de l’État.
  • Un CNM fort, c’est aussi un CNM bénéficiant du soutien et de la confiance de son ministère de tutelle mais aussi de l’ensemble de la filière. C’est la raison pour laquelle, conformément au souhait de la ministre, j’ai engagé une réflexion sur l’évolution de notre gouvernance.
  • L’objectif est simple : clarifier les rôles respectifs du conseil d’administration et du conseil professionnel, pour rendre notre fonctionnement plus agile, mais surtout pour améliorer la concertation des professionnels. Je remettrai à nos tutelles, à la fin de cette année, les conclusions de cette concertation.
  • C’est aussi pour renforcer ce lien de confiance que j’ai souhaité, pour la construction de notre budget 2026, instaurer davantage de transparence dans la façon dont nos différentes ressources sont allouées au financement de nos actions, et remettre à plat nos relations avec les organismes de gestion collective pour garantir la complémentarité de nos actions respectives […]. »

    Jean-Baptiste Gourdin, lors du MaMA, le 16/10/2025