BEAUCOUP D’ARTISTES SUBISSENT LA DIVERSIFACTION D’ACTIVITE AU LIEU DE LA PENSER (C. Nataf, Slash)
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Réunir des artistes et « des experts de la culture » afin de « questionner, débattre et imaginer l’artiste de demain », telle est l’ambition de Slash, événement qui se déroulera à Nantes (Stereolux, Trempolino et Atlanbois) les 22 et 23/11/2018.
« L’événement est le fruit de deux ans et demi d’expérimentations au sein du projet européen European Music Incubator. (…) La genèse du projet est partie d’un constat : celui de la nécessité d’accompagner les artistes sur la diversification d’activité. Beaucoup d’artistes la subissent au lieu de la penser. (…) La diversification est essentielle, mais elle nécessite beaucoup d’accompagnement et surtout elle doit être mise en balance avec la vie artistique des artistes. Les carrières de musiciens sont multiples et uniques, tous ne sont pas faits pour tous les types de diversifications, certains ne sont pas du tout faits pour se diversifier, c’est pour ces raisons qu’un accompagnement spécifique doit être entrepris auprès des musiciens sur tous les pans de leurs vies artistiques », indique Chloé Nataf, responsable de l’entrepreneuriat culturel chez Trempolino et coordinatrice d’European Music Incubator.
Chloé Nataf revient sur la création de Slash pour News Tank, qui détaille la programmation de l’événement.
Slash est une nouvelle convention, un événement « sur les artistes et pour les artistes », qui aura lieu les 22 et 23/11/2018. Comment est né l’événement et qu’est-ce qui fait sa spécificité ?
L’idée est de questionner la place des artistes sur nos territoires, dans notre sociétéL’événement est le fruit de deux ans et demi d’expérimentations au sein du projet européen European Music Incubator. Dans tout projet européen, nous devons restituer l’expérience et diffuser nos résultats. Au lieu de restituer de manière brute l’évaluation du projet, nous avons décidé avec les partenaires européens de profiter de ce temps pour effectivement restituer mais également avoir une vision plus « macro » de la situation des artistes en Europe. L’idée est de questionner la place des artistes sur nos territoires, dans notre société, vis-à-vis des autres industries culturelles et créatives, mais également dans leurs propres pratiques d’artistes, puisque aujourd’hui, être artiste, c’est très souvent être également graphiste/attaché de presse/booker/label/enseignant… D’où le terme « slash », qui fait aussi le lien avec les autres industries culturelles, musique/tourisme/jeux vidéo/numérique/art contemporain.
Que retenez-vous des deux années d’expérimentations au sein d’European Music Incubator, qui conduisent à ces deux journées autour de l’artiste de demain ?
La genèse du projet est partie d’un constat : celui de la nécessité d’accompagner les artistes sur la diversification d’activité. Beaucoup d’artistes la subissent au lieu de la penser. Nous avions effectué un voyage d’études à travers huit pays pour rencontrer plus d’une centaine d’acteurs des musiques actuelles, incluant les artistes. C’était en 2014/2015. Nous en avons également profité pour étudier les pratiques des usagers internes à Trempolino.
Le constat était alors sans appel : il y a une discontinuité des carrières d’artistes. Comment pouvons-nous alors les accompagner, les former à se saisir des opportunités que d’autres secteurs peuvent leur offrir ?
Comment former les artistes à se saisir des opportunités que d’autres secteurs peuvent leur offrir ?Ces deux ans d’expérimentations nous ont permis d’affiner nos constats initiaux. La diversification est essentielle, mais elle nécessite beaucoup d’accompagnement et surtout elle doit être mise en balance avec la vie artistique des artistes. Les carrières de musiciens sont multiples et uniques, tous ne sont pas faits pour tous les types de diversifications, certains ne sont pas du tout faits pour se diversifier, c’est pour ces raisons qu’un accompagnement spécifique doit être entrepris auprès des musiciens sur tous les pans de leurs vies artistiques.
L’autre constat très positif, c’est que finalement, il y a énormément d’opportunités en termes de diversification d’activités et que nous n’avons commencé à défricher qu’une infime partie avec le tourisme, la musique à l’image, l’enseignement, les lieux de ventes, le « branding ». Nous entrevoyons notamment des ouvertures du côté de l’urbanisme, du patrimoine, du numérique (objets connectés, VR, réalité augmentée…) et il y en a encore beaucoup d’autres à imaginer.
Quelle suite sera-t-il donné à Slash ? A-t-il vocation à devenir un événement récurrent ?
Pour l’instant, Slash est la clôture d’European Music Incubator et le projet s’arrête au 31/12/2018. Il a donc initialement été pensé comme un « one shot ».
Cependant, l’idée d’en faire un événement récurrent a été évoquée à plusieurs reprises… Essayons dans un premier temps de voir comment l’événement prend cette année, prenons le temps d’évaluer qualitativement les propositions de conférences, les formats, la logistique et nous pourrons alors envisager une suite ou non… même si nous restons convaincus de la pertinence d’une telle convention !
Comment l’événement s’insère-t-il dans l’agenda des professionnels, déjà très chargé, entre le MaMA, le BIME et les Transmusicales ?
La période septembre-décembre est une période très chargée en termes d’événements professionnels. Il se trouve que Slash a été pensé avant tout pour les artistes, ce qui en fait un événement très différent des MaMA, BIME et dans une moindre mesure des Transmusicales. La cible se concentre donc plus sur les artistes – même si toutes les personnes susceptibles de les accompagner dans leurs démarches (les managers, les structures portant des dispositifs d’accompagnement, les développeurs/producteurs d’artistes…) pourront aussi y trouver de la matière et de l’intérêt.
Slash a été pensé comme un « one shot » mais l’idée d’en faire un événement récurrent a été évoquée a plusieurs reprisesLa dimension européenne d’un côté et celle de « slashers » de l’autre font que les intervenants ne sont pas du tout ceux que l’on a l’habitude de rencontrer. Par exemple, sur la table ronde « Être musiciens en 2030 », ce sont des artistes qui parlent de leurs propres visions du futur. Nous avons également la chance d’avoir Jess McCarten, de The Rattle à Londres, qui va témoigner de l’accompagnement qu’ils font auprès d’artistes entrepreneurs et du lien qu’ils créent avec l’économie du numérique… Je pense également à Pablo Camino, de Spain Is Music, qui a créé une agence de tourisme spécialisée dans la musique, et à Pierre Aderne, un musicien portugais qui auto-organise ses concerts chez l’habitant et les vend sur Airbnb Experiences.
Enfin, il faut souligner que Slash est entièrement gratuit et que 70 % des conférences et tables rondes sont traduites simultanément en français/anglais.