Nom de la société
SEMI / MERIDIAN / PEERMUSIC France
Votre nom
Pierre Durand
Fonction dans la société
Directeur Artistique
Présentation et rapide historique de la société
Les éditions SEMI et Méridian représentent un catalogue de plus de 15.000 œuvres et adaptations françaises. Ce fonds extraordinaire, véritable patrimoine de la chanson des années 20 à 70, a été développé sur plusieurs décennies par l’une des figures les plus illustres de l’édition musicale française : Rolf Marbot. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, il y a la rencontre avec Ralph S. Peer, pionnier de l’édition musicale américaine, qui cherche un nouveau représentant en France pour un catalogue très marqué par la musique sud-américaine. Marbot est recommandé et devient associé de Peer dans la société française SEMI (Société d’édition Musicale Internationale), qui a été créée pour représenter tout le catalogue Peer – Southern music en France. En retour, il cède à Peer une partie des parts de Méridian. Les éditions Méridian deviennent alors les Nouvelles Editions Méridian. En 1979, le groupe Peermusic deviendra entièrement propriétaire des sociétés SEMI et Méridian.
Activité de la société, type de répertoire édité
Edition musicale, représentation et développement d’un catalogue de titres anciens et nouveaux. Création et placement de chansons auprès d’interprètes. Développement de projets artistiques. Représentation et sous éditions de catalogue internationaux.
Parcours professionnel du répondant
Directeur artistique Junior chez Remark Records.
Assistant/Artistique chez Peermusic
Année d’adhésion à la CSDEM
Depuis la nuit des temps… Sans doute 70 ans, mais nous n’avons pas retrouvé l’année précise 😉. Rolf Marbot, notre fondateur dont je parlais tout à l’heure, a été président de la CSEML (la CSDEM d’avant la fusion à la fin des années 1970) au milieu des années 1960. Le prédécesseur de Bruno Lion, René Boyer a été président de la chambre pendant quatre ans au début des années 90. Nous sommes très investis…
Pourquoi adhérer ? Que représente-le fait d’être adhérent de la CSDEM ?
C’est un peu délicat pour moi de répondre à cette question, il y a cinq membres de notre équipe qui font partie soit du Conseil, soit des commissions de la chambre aujourd’hui, mais ce n’est pas moi. Ceci dit la réponse est évidente… qu’il s’agisse de faire parler de nous (les prix de la création, le baromètre de l’édition musicale…) puis de défendre nos intérêts, ou d’entreprendre en commun des actions que nous ne pourrions pas entreprendre individuellement (BOEM), l’intérêt de se retrouver à la chambre va bien au-delà du fait de disposer de contrats-type élaborés par les meilleurs professionnels du secteur.
Votre vision de votre métier d’éditeur aujourd’hui ?
Le métier d’éditeur aujourd’hui reste selon moi un des derniers bastions du travail sur l’aspect artistique d’un projet. Notre rapport au temps n’est pas le même que dans la production.
De nouvelles pratiques sont venues redistribuer les cartes. Aujourd’hui, il ne suffit plus uniquement de trouver un artiste qui a de bonnes chansons. C’est la quasi intégralité du projet qui doit être intelligible et cohérente. Du propos hors scène, à l’habillage, la cohérence des visuels, la prise de positions politiques ou sociales (ou pas).
En fait, le contexte a énormément changé, mais notre métier consiste toujours à mener le bon projet au bon endroit et au bon moment. Et puis il faut dire, que les profils d’artistes ont beaucoup évolué et se sont largement diversifiés. Bien sûr il est important d’avoir des tubes, mais pour beaucoup des auteurs que nous accompagnons, il s’agit d’abord de les aider à construire une carrière dans le temps long. C’est le temps de l’édition, je crois. Les jeunes artistes semblent également avoir changé leur approche du développement, préférant sacrifier le Hit au profit de l’authenticité et de la longévité (préférant l’appellation d’ « artisans »).
L’émergence de nouveaux médias permet aussi de se faire connaître par des voix différentes. C’est toute une trousse à outils qui s’est remplie de nouveaux outils. Nouveaux vecteurs de communication, nouveaux médias, nouveaux rapports entre artistes et auditeurs/fans. Les moyens d’occuper l’espace sont nombreux, et les medias traditionnels ne sont plus les uniques prescripteurs de contenus culturels de qualité, de confiance et/ou de diversité.
Sur la nécessité de repenser notre rapport à la musique, il est intéressant de voir petit à petit le rapport des gens à l’objet « album » changer. Les nouveaux médias (essentiellement streaming) ont été malgré eux les grands instigateurs de ce changement de comportement d’écoute. La possibilité d’accéder en 2 secondes à la quasi intégralité de tous les catalogues musicaux du monde a profondément changé notre rapport à l’écoute de la musique. Aujourd’hui on consomme du titre, chanson par chanson, travail commencé par Apple avec Itunes, et l’avènement des playlists, proposées par les plateformes y a joué un rôle important.
Et demain ?
Je pense que la spécialisation des différents canaux de communications va s’accentuer. Il existera toujours des médias génériques, mais les médias spés, de niches, sont de plus en plus choyés.
La musique et plus généralement la culture sont des reflets de la société. Le communautarisme pour ce qu’il a d’intéressant, n’a jamais été aussi important que dans la musique. Les artistes qui ont pavillon sur rue ont tous compris l’importance de fidéliser, agréger les « fans » avec du contenu qui ne soit pas uniquement musical. Les artistes entretiennent des relations avec leur fan base qui leur permettent d’occuper fréquemment l’espace médiatique.
Une conclusion ?
Le métier d’éditeur n’a jamais été soumis à tant de changement périphérique, y compris dans son propre périmètre. Si aucun diplôme ne préparait officiellement au métier de directeur artistique dans les éditions musicales, aujourd’hui c’est encore plus vrai. Etre sociable, motivé et passionné ont toujours été des qualités utiles à l’exercice de ce métier mais aujourd’hui, on observe l’arrivée d’une nouvelle garde artistique qui ne sort pas forcément d’école de mgmt ou de commerce. Ce sont des gens de la pub, des passionnés simplement et essentiellement des structures qui travaillent à la fois sur la production ET les éditions qui jouent de plus en plus le rôle de découvreur et développeur de projets d’artistes.