NEWS DE L’EDITION – DECEMBRE 2019

« NOUS ALLONS ÊTRE, ENSEMBLE, LES BÂTISSEURS D’UNE AVENTURE INÉDITE » (JEAN-PHILIPPE THIELLAY, CNM)

Paris – Publié le vendredi 13 décembre 2019

« Je voudrais vous dire comment je vois les prochaines semaines et les premiers mois du Centre national de la musique. Vous venez de nous confirmer, Monsieur le ministre (Franck Riester, NDLR), que la gouvernance serait en place d’ici quelques jours pour le décret statutaire et le président ; le conseil d’administration que vous nous donnerez suivra de peu et le conseil professionnel sera composé au début de l’année 2020. Il est très important à mes yeux que le CNM prenne le relai du CNV sans aucune rupture, que les commissions fonctionnent, que les aides soient versées », déclare Jean-Philippe Thiellay, futur président du CNM, lors de sa première prise de parole devant les professionnels de la musique, au ministère de la Culture, le 12/12/2019.

« Nous nous attacherons, avec Romain Laleix qui sera à mes côtés, à créer les conditions pour que les associations partenaires – le Bureau export, l’IRMA, le FCM et le Calif – puissent rejoindre le CNM en toute sérénité, dès que leurs organes le décideront, dès que possible. Cela suppose d’aller à rencontre des professionnels, d’écouter, de comprendre comment nous pourrons véritablement faire œuvre utile. L’État a manifesté son soutien fort en votant 7,5 M€ de mesures nouvelles en 2020, avec une trajectoire qui conduira à 20M€ de mesures nouvelles en 2022. Je ne vais pas vous expliquer aujourd’hui ce que nous allons en faire ; nous le déciderons ensemble, l’année prochaine. En nous appuyant sur ce qui existe, nous allons identifier les besoins et les réponses nouvelles qui pourront être apportées. Il y aura des choix à faire et des arbitrages à adopter. (…) Ils seront le fruit de l’intelligence collective et motivés par l’intérêt général », poursuit-il. Jean-Philippe Thiellay évoque « les bases d’un pacte d’ambition pour la musique à l’horizon 2022 » se déclinant en cinq volets : « connaissance », « création », « territoires », « international » et « innovation ».

Ce discours, que News Tank publie en intégralité, a été précédé d’une prise de parole du ministre de la Culture. Franck Riester a notamment indiqué ne pas vouloir remettre en cause, dans le cadre de la loi sur l’audiovisuel (discutée à l’Assemblée nationale à partir de février 2020), les quotas de chansons francophones en radios. « Une modification du mécanisme ne peut intervenir que si un consensus se dégage entre les parties prenantes », a-t-il précisé. Le ministre a par ailleurs jugé nécessaire que « les œuvres musicales francophones [soient] exposées au mieux sur les plateformes de streaming », en se disant favorable à ce qu’une « régulation » soit inscrite dans la loi. Enfin, Franck Riester a estimé que la question du user centric, mode de répartition des revenus dans le streaming souhaité par un pan de l’industrie musicale, devait faire l’objet d’une réflexion approfondie et ne pouvait être inscrite dans la loi sur l’audiovisuel.

« J’espère que cette maison commune sera toujours le lieu de l’intelligence collective de la filière musicale » (Jean-Philippe Thiellay)

  • « Je veux, en quelques minutes, très simplement, vous dire pourquoi je suis là avec vous aujourd’hui et surtout comment je me projette dans les prochains mois, les premiers dans la vie du Centre national de la musique.
  • Dans une vie professionnelle, on a parfois la chance que la passion coïncide avec son métier. C’est probablement le cas de beaucoup d’entre vous. C’est également le mien. Je suis, depuis toujours, passionné de musique, de toutes les musiques, et de spectacle. J’ai comme vous la chance de travailler au quotidien, depuis plusieurs années, avec des artistes, musiciens, danseurs, chanteurs, techniciens du spectacle.
  • La musique est pour moi d’abord et avant tout synonyme d’émotion, mais aussi d’accomplissement personnel, d’émancipation. Nous avons, chacun dans nos vies professionnelles, besoin de sens. Travailler pour la musique est un des plus beaux que je puisse imaginer.
  • Porter une politique publique, une grande politique publique, constitue un défi passionnant. Il est bien clair que le centre n’aura pas pour mission de faire à la place des professionnels – et comment le pourrait-il, même ? – mais il aura pour ambition de créer les conditions pour que tous les professionnels se retrouvent dans cette maison commune. Il s’agit d’une mission d’intérêt général, que j’ai chevillé au corps depuis le début de ma vie professionnelle, avec un souci constant d’indépendance.
  • Sans entrer dans les détails des 11 missions que l’article 1er de la loi du 30/10/2019 confie au centre national de la musique, je voudrais insister sur quelques axes qui me semblent particulièrement importants.
  • La première mission doit être de bâtir ensemble une stratégie pour la filière musicale. Cela supposera de collecter des données, de commander des études, de nourrir des partenariats avec le monde universitaire.

« LA PREMIÈRE MISSION DOIT ÊTRE DE BÂTIR ENSEMBLE UNE STRATÉGIE POUR LA FILIÈRE MUSICALE « 


Jean-Philippe Thiellay
  • Le Centre national de la musique doit établir des diagnostics partagés, du consensus même, sur toutes les questions qui se posent à vous. On travaillera, très vite, sur la diversité, sur les modèles économiques, sur le digital, sur la rémunération des artistes, sur la place des femmes dans la musique, sur les équilibres concurrentiels, entre tant d’autres sujets. Le programme est vertigineux ! Tous, vous n’avez pas attendu le Centre national de la musique pour travailler. Mais l’objectif est de réunir l’ensemble de ces expertises et de ces expériences pour renforcer ”l’Équipe de France de la musique”.
  • Cette stratégie pour la filière, nous l’écrirons ensemble, de manière que vous tous, dans votre grande diversité, vous puissiez vous y retrouver avec vos partenaires, l’État et les collectivités territoriales notamment. Il y aura des débats, des désaccords sans doute, mais j’espère que cette maison commune sera toujours le lieu de l’intelligence collective de la filière musicale. Cette construction – un Établissement public industriel et commercial, avec des financements de l’État mais aussi des moyens privés, en faveur de l’intérêt général – est, il faut le dire, très originale et elle n’a probablement pas d’équivalent au monde : nous allons être, ensemble, les bâtisseurs d’une aventure inédite.
  • L’objectif sera, j’insiste, de penser le futur. Les usages, les pratiques, les modes de création ont tellement changé depuis quelques années ! Nos ados n’utilisent plus de CD, ne regardent plus la télévision… mais ils courent les festivals un peu partout sur le territoire et écoutent de plus en plus de musique. Il sera passionnant de réfléchir ensemble à ce que sera le monde de la musique dans 5 ou 10 ans.

« LA CULTURE ET LA MUSIQUE NE PEUVENT PAS ÊTRE DES BIENS COMME LES AUTRES ET LA RELATION À L’ŒUVRE NE PEUT PAS SE RÉSUMER PAS À UN ACTE DE CONSOMMATION COURANTE « 


Jean-Philippe Thiellay
  • Le CNM a vocation à soutenir l’ensemble des professionnels de la musique, pour les aider à prendre des risques et pour aider les entrepreneurs à relever les défis qui se présentent à eux chaque jour. Le Centre doit identifier les leviers qui permettront de saisir les opportunités qui sont au moins aussi nombreuses que les menaces. Les évolutions digitales ouvrent des perspectives inédites pour nos talents, dans toutes les esthétiques, et les artistes peuvent désormais, avec une facilité déconcertante, s’adresser aux publics du monde entier. Mais elles posent aussi la question fondamentale de l’accès aux œuvres. Par exemple, les algorithmes et autres services de recommandation des plateformes de streaming élargissent à l’infini les possibilités de découverte musicale – et c’est une chimère devenue réalité pour tout passionné de musique, une discothèque universelle, immédiatement disponible, partout ! Elles posent enfin question au regard de l’orientation du choix du public et de la création de la valeur. La culture et la musique ne peuvent pas être des biens comme les autres et la relation à l’œuvre ne peut pas se résumer pas à un acte de consommation courante.
  • Je voudrais enfin vous dire comment je vois les prochaines semaines et les premiers mois du Centre national de la musique.
  • Vous venez de nous confirmer, Monsieur le ministre, que la gouvernance serait en place d’ici quelques jours pour le décret statutaire et le président ; le conseil d’administration que vous nous donnerez suivra de peu et le conseil professionnel sera composé au début de l’année 2020. Il est très important à mes yeux que le CNM prenne le relai du CNV sans aucune rupture, que les commissions fonctionnent, que les aides soient versées.
  • Nous nous attacherons avec Romain Laleix qui sera à mes côtés à créer les conditions pour que les associations partenaires – le Bureau export, l’IRMA, le FCM et le Calif – puissent rejoindre le CNM en toute sérénité, dès que leurs organes le décideront, dès que possible.
  • Cela suppose d’aller à rencontre des professionnels, d’écouter, de comprendre comment nous pourrons véritablement faire œuvre utile. L’État a manifesté son soutien fort en votant 7,5 M€ de mesures nouvelles en 2020, avec une trajectoire qui conduira à 20M€ de mesures nouvelles en 2022. Je ne vais pas vous expliquer aujourd’hui ce que nous allons en faire ; nous le déciderons ensemble, l’année prochaine. En nous appuyant sur ce qui existe, nous allons identifier les besoins et les réponses nouvelles qui pourront être apportées. Il y aura des choix à faire et des arbitrages à adopter. Ils seront retenus dans l’esprit que je vous décrivais plus tôt : ils seront le fruit de l’intelligence collective et motivés par l’intérêt général.
  • Le soutien de la profession et de l’État permet ainsi de poser dès à présent les bases d’un pacte d’ambition pour la musique à l’horizon 2022, qui pourrait se décliner en 5 volets :
  1. ”Connaissance” : pour doter le secteur d’un outil puissant de recueil, de traitement, d’analyse des données et de construction de diagnostics partagés ;
  2. ”Création” : pour mieux accompagner l’écriture, la composition et le développement des œuvres ;
  3. ”Territoires” : afin, notamment, de renforcer le soutien aux acteurs du spectacle vivant et de la diffusion partout en France ;
  4. ”International” : pour développer l’export des productions françaises, favoriser la circulation des artistes et le rayonnement des œuvres ;
  5. ”Innovation” : pour accélérer la transformation des entreprises, faire évoluer la relation avec le public et préparer les modèles de demain.
  • Pour terminer, j’aimerais que nous projetions ensemble à l’automne 2020, juste après la rentrée. Le Centre national de la musique a quelques mois ; il s’est fait une place dans le paysage culturel français ; il vous accueille dans des locaux ouverts et modernes dans lesquels les salariés auront déménagé autour de l’été ; des travaux de fond ont déjà abouti sur la stratégie et les modes d’intervention de l’établissement.
  • Au fond, je voudrais, Monsieur le ministre, que, en défendant le budget de la culture pour 2021, vous puissiez dire au Parlement qu’une loi promulguée le 30/10/2019 a déjà produit des effets tangibles et prometteurs pour l’ensemble de la filière musicale. L’objectif est ambitieux mais réaliste.
  • L’équipe du CNM a besoin de chacun d’entre vous. Comme je le fais depuis deux semaines, j’irai inlassablement à votre rencontre, je serai très présent dans vos salles, dans vos festivals et aux concerts que vous proposez chaque soir, partout en France – d’abord car j’adore ça ! C’est par la compréhension de vos métiers et du terrain que nous pourrons bâtir cette grande politique de la musique en France que tous nous appelons de nos vœux. »

Jean-Philippe Thiellay